Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La vie quotidienne d'une famille thailsacienne
11 octobre 2009

12 Octobre - Les Shans et les Hmongs

Assommant !Hmong

Tel est le qualificatif qui me vient spontanément à l'esprit pour décrire ce récit que j'ai lu, ou plutôt dévoré, il y a quelques jours. Ce récit avait également fait l'objet d'une reportage diffusé sur Envoyé Spécial il y a quelques années et qui peut être en partie visionné ici.

Un récit qui a pour toile de fond la lutte désespérée que mènent les Hmongs, ces montagnards qui ont servi tour à tour les armées colonialistes françaises et américaines, ou plutôt qui ont été utilisés par elles, pour finalement être lâchement abandonnés sur l'autel de la "raison d'état", une raison dont les seules règles sont celles du profit financier.

Outre le drame humain épouvantable qui se déroule dans l'indifférence générale de la communauté internationale, les aspects de ce récit qui m'ont profondément frappé sont les similitudes avec une autre lutte menée par une autre ethnie, elle aussi dans un pays voisin du mien, je veux parler des Shans en Birmanie.

Il existe, je vous l'accorde, des dizaines, voire des centaines de ces "guerres oubliées" à travers la planète. Mais la particularité de celles qui se déroulent ici, à quelques centaines de kilomètres à peine de mon domicile, à moins d'une journée de voiture de l'école de mes filles, est qu'elles sont le résultat, ou plutôt le résidu, des années de colonisation par des nations occidentales qui préfèrent à présent en détourner les yeux.

Si j'ai mis ce billet dans la rubrique « École de Ban Huoi Haeng », c'est parce que sur les 125 élèves qui fréquentent cet établissement scolaire de montagne, près de 100 ne possèdent aucune nationalité et ne sont donc reconnus par aucun gouvernement (voir à ce sujet mon récit sur notre premier projet Le dortoir). Parmi eux, de nombreux Shans qui sont réfugiés en Thaïlande pour fuire les exactions commises par l'armée birmane, les Shans qui mènent eux aussi une lutte acharnée pour obtenir l'autonomie de leur territoire, autonomie qui leur avait été "promise" par les anciens colonisateurs britanniques au moment de leur départ.

Sans que la situation des Shans soit aussi déspérée que celle des Hmongs (les Shans réussissent au moins à manger à leur faim), il existe plusieurs similitudes troublantes au niveau des manoeuvres géopolitiques qui se déroulent dans l'ombre.
- Le discours officiel parle de "rebelles dangereux" et la région est interdite aux étrangers, même du côté thaïlandais. Les populations locales sont laissées dans l'ignorance de la situation et, ici, on parle toujours de Khun Sa, le tristement célèbre baron de la drogue qui sévissait jusqu'à la fin des années 90.
- Les faux cessez-le-feu entre certains groupes de résistants et la junte birmane. Cette dernière fait croire à un accord, les résistants déposent les armes et dans les jours qui suivent leurs villages sont brûlés, les hommes sont emprisonnés et les familles sont déplacées.
- Les intérêts économiques des multinationales : EDF au Laos, TOTAL en Birmanie. Il existe actuellement un projet gigantesque de construction d'un barrage sur la rivière Salawin. Là aussi des milliers de personnes seront déplacées par la junte, bien évidemment sans aucune compensation autre que celle "d'avoir le droit de rester en vie".

La région menacée est en outre d'une beauté époustouflante, comme en témoignent les images satellite de Google Maps:


Agrandir le plan

Si j'aborde ici ce sujet, c'est que j'ai la chance d'être en contact depuis un peu plus d'un an maintenant avec la SSA (Shan State Army) et le RCSS (Conseil de reconciliation des états Shan). Rappelez-vous, un petit voyage en mai dernier.

Nous avons profité de notre passage à Ban Huoi Haeng pour aller leur rendre visite et apporter du matériel et des médicaments à l'hôpital (témoignage et photos) ainsi que des livres pour l'école. Il n'est bien évidemment pas dans nos intentions de soutenir une quelconque lutte armée, aussi légitime soit-elle. Les intérêts en jeu ici sont de nature géopolitique et économique, domaines dans lesquels nous sommes d'une totale incompétence. Pour nous, il s'agit plutôt d'une espèce de continuité des actions entreprises avec Ban Huoi Haeng en établissant et en maintenant des liens avec une population dont la culture séculaire est quasiment inconnue.

J'espère pouvoir et, surtout, trouver le temps d'en dire et d'en écrire plus à ce sujet, mais ce sera sous la forme d'un blog spécifique. En attendant, si vous souhaitez vous tenir informé de la situation, voici deux sites d'information en anglais :
http://www.taifreedom.com/
http://www.shanland.org/

Publicité
Commentaires
Publicité